Accord de principe

Capitaine et armateur - Et si vous achetiez un bateau ?

Carénage des coques du catamaran tomneal
La série "Et si vous achetiez un bateau ?" détaille les différents aspects de l'acquisition d'un bateau de voyage. Dans cet article, il est abordé la question de l'expertise et de la manière de gérer la découverte de points de faiblesse du navire.


Si vous décidez de faire expertiser le bateau que vous projetez d'acheter, accordez vous avec le vendeur à ce sujet avant même de signer le compromis de vente. Le mieux est de s'entendre sur l'arrangement suivant : le prix décidé lors du compromis de vente est susceptible d'être modifié si l'expertise révèle des points de faiblesses anormaux, c'est-à-dire non liés à l'usure normale du bateau.


Tout l'art consiste à s’entendre sur la notion d'usure normale. Exemple vécu aujourd'hui sur le TomNeal : quand l'expert est monté en tête de mât pour contrôler le gréement, il a découvert que l'extrémité haute du tube de l'enrouleur était abîmée. Ce type de problème est assez classique et peut avoir de graves conséquences. Il survient lorsque la drisse du génois n'est pas assez tendue ; elle a alors tendance à s'embobiner autour du tube de l'enrouleur lorsque celui-ci est actionné. Si le génois est enroulé par grand vent, les forces subies peuvent déformer le tube. Bien sûr notre ami Murphy se fera une joie d'en profiter pour monter un scénario catastrophe : le tube déformé raguera contre l'étai, l'étai abîmé cèdera, le mât tombera… En conséquence, l'expert nous conseille la réparation de l'enrouleur, mais aussi un contrôle complet du système. Il faut faire démonter l'enrouleur et déposer l'étai. Il préconise même un changement pur et simple de l'étai. Vu l'importance de ce câble, il n'est pas idiot de le remplacer après six années de bons et loyaux services dont cinq en location. Pas idiot, mais pas donné non plus.


La première morale de l'histoire est qu'il faut régulièrement vérifier la tension de la drisse de génois. Comme d'habitude, les engins qui nous mâchent le travail ont tendance à nous piéger dans la facilité. Si nous avions hissé notre génois à chaque navigation au lieu de simplement le dérouler, nous n'aurions aucun souci de tension de drisse. Mea culpa.


La seconde morale est que lors d'une vente, il est rare de ne pas être confronté à un de ces cas de figure. Et la question « Qui paye ? » est souvent le point de départ de relations acheteur - vendeur de moins en moins cordiales. L'accord préalable sur la notion d'usure normale revêt ici toute son importance. Pour continuer avec notre exemple, qui devra payer la facture du gréeur ? Le vendeur ? Cela se défend. Il est le seul responsable de la détérioration et celle-ci n'a rien d'une usure normale. L'acheteur ? On peut effectivement partir du principe qu'un bateau d'occasion n'est pas un bateau neuf et qu'il a forcément des points faibles à faire réparer. Dans le cas du TomNeal, nous nous en sommes sortis de la manière suivante : la réparation de l'enrouleur et le contrôle de l'étai sont intégralement à notre charge. Si ce dernier se révèle abîmé, nous règlerons également la facture de son remplacement. Par contre, si l'étai est indemne et est changé de manière préventive, notre ami Jean-Paul assumera la dépense. C'est si simple lorsque l'on est entre marins honnêtes…


En cas de litiges sur ce genre de point, rien n'empêche de demander à l'expert un arbitrage. Mais là aussi, mieux vaut que le vendeur, l'acheteur et l'expert aient un accord de principe sur la question avant le début des festivités.

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