Le Monde du Silence

Passe-temps de marin - Marin-pêcheur

Claire Nieutin à bord du Catamaran Tomneal

Cet article est issu de la rubrique "Passe-temps de marin" qui aborde les différentes activités des plaisanciers au long cours. Il est question ici de la pêche sous-marine, une activité à part entière sur un bateau en croisière sabbatique.

Faire de bonnes chasses sous-marines, demande non seulement un instinct de braconnier, mais aussi un équipement minimum indispensable à bord d'un bateau de grand voyage. Il sera la garantie de pêches fructueuses et de plus, il est important pour le statut social du grand voyageur. Sous les tropiques, un navigateur sans un attirail de chasse sous-marine n'est que la moitié d'un marin. Il aura d'ailleurs beaucoup de mal à gagner la considération de ses pairs, cow-boys sous-marins en grande majorité.

Palmes, masque, tuba

Si vous êtes un plaisancier normalement constitué, vous avez forcément prévu une paire de palmes, un masque et un tuba. Par contre, oubliez le kit offert par votre mère lorsque vous avez appris à nager. Le matériel de plage se révèle vite inapte face aux exigences de la chasse sous-marine.


Fusil harpon
L'équipement le plus important est évidemment le fusil harpon. Pas de chasseur sans fusil. Paradoxalement, la précieuse arme est difficile à trouver dans les îles. Mieux vaut l'acheter en métropole. Le choix est vaste. Privilégiez les grands modèles, votre frustration sera moins grande si vous loupez une prise et vous ne pourrez accuser votre avarice d'être la cause de vos chasses médiocres. Prenez également, un modèle avec flèche inox. Les autres types de flèches rouillent et votre « vielle pétoire toute rouillée » sera vite l'objet des sarcasmes de vos collègues. Beaucoup de bateaux sont équipés de deux fusils : un petit, plus maniable pour tirer les langoustes dans leur trou et un grand, plus puissant et précis pour les poissons en pleine eau.


Combinaison
L'accoutrement des chasseurs sous-marins est très variable. Les petits joueurs, comme moi, plongent en maillot, les vrais chasseurs ont des tenues de plongée complètes. Les combinaisons ont le double avantage de protéger du froid, (même dans l'eau à 26°C, le froid se fait sentir) et d’éviter nombres de petites blessures car pris dans le feu de l'action, vous raserez fréquemment les récifs et coraux. Si ces coraux sont des brûlants, leur substance chimique ajoute à l'égratignure une souffrance cuisante. Pour cette même raison, une bonne paire de gants est indispensable. Au sujet des combinaisons, le bon compromis pour les plongées en mer chaude est sans doute le shorty, cette combinaison légère laissant la moitié des bras et des jambes nus. Mais pour les navigations sur plusieurs années, même sous les tropiques, vous traverserez forcément des mers plus froides, la combinaison complète est alors précieuse.


Attirail complémentaire
Enfin, tout un attirail vient compléter le kit du parfait plongeur. Il commence par la ceinture de plomb sans laquelle, avec votre combinaison, vous flotterez telle une baudruche sur l'eau. Moins indispensable, mais rassurant, il continue avec le poignard susceptible de vous libérer d'un filin piège ou de vous défendre contre les dents de la mer. Certains amateurs émérites se munissent de filets pour y placer leur gibier. Étant piètre plongeur, je me passe du filet et préfère ramener directement les prises dans mon annexe. Je suis certain ainsi qu'aucun requin ou barracuda ne viendra renifler les prises agonisantes attachées à ma ceinture.

Sauf si vous êtes allergique à la chasse sous-marine, vous regretterez amèrement d'avoir un masque qui fuit ou un fusil harpon tirant dans les coins. N'hésitez pas à investir dans du matériel de qualité. Pour finir, sachez que la chasse sous-marine demande aussi une bonne pratique, sportive d’abord afin de rester plus longtemps sous l'eau et technique ensuite, afin d’identifier les poissons comestibles et de repérer une langouste invisible dans son trou. L'essentiel de cette pratique est d'ailleurs d'être capable de mettre la tête dans un trou noir, la tête en bas par cinq mètres de fond. Ce même trou qui ressemble étrangement à celui dans lequel vous avez vu un peu plus tôt une murène dont la gueule patibulaire était plus grosse que votre cuisse. Peu à peu vous deviendrez ainsi un véritable prédateur sous-marin, prédateur au sens noble du terme, celui qui chasse pour manger. Car au-delà du plaisir ou de l'activité sociale, la chasse sous-marine a un vrai rôle alimentaire, plus que la pêche à la traîne, elle permet de mettre des aliments protéinés, frais et variés dans votre assiette et celles de vos enfants.

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