Les joyeux pirates

Petites et grosses fortunes de mer - Au voleur

Histoires de Partir - Pirates lors des voyages en bateaux

Cet extrait provient de la rubrique sur les différents dangers que peut rencontrer un équipage en croisière sabbatique. Il aborde notamment la question des attaques de pirates et autres agressions. Entre mythes et réalités, beaucoup d'informations sur les pirates sont exagérées.


Si les moustiques sont les visiteurs les plus désagréables sur un bateau, les plus craints par les navigateurs sont les pirates. Les vielles angoisses de la marine à voile sont encore là. Alors que les voleurs ont la politesse d'attendre que vous quittiez votre bateau pour vous délester, les pirates ne sont nullement gênés par votre présence. Au contraire, vous leur ferez gagner du temps en leur disant où est caché le petit pécule en dollars que chaque bateau de plaisance garde précieusement. Contre pirates et voleurs, plusieurs méthodes de prévention et de protection sont disponibles.


Des navigateurs résolus ont une arme à bord. Sur le principe, un fusil à pompe ou un pistolet automatique neuf millimètre est effectivement un bon moyen pour mettre un terme définitif à une tentative de piratage. La méthode a aussi ses inconvénients. Un gamin venu chaparder un masque de plongée ne mérite peut-être pas de risquer la mort par balle. Et puis même s'il s'agit de gros et méchants pirates, les homicides en légitime défense ou non, se terminent souvent en prison. Pour information, les prisons vénézuéliennes n’ont pas la réputation d’être confortables et accueillantes. Les gros méchants peuvent aussi être armés et malgré notre culture télévisuelle, nous sommes loin d'être entraînés à un échange de coups de feu en règle. J'ai entendu dire que c'était un peu plus difficile et dangereux qu'au cinéma. Plus dramatique encore, les enfants sont très doués pour trouver ce qui est caché. Je n'ose imaginer la scène d'une Sarah pointant un révolver chargé sur la tête de Claire en chantonnant « pan-pan ». Il faut être conscient enfin qu'une arme est toujours une source de problèmes lors de l'entrée dans un pays. La plupart des navigateurs armés préfèrent ne pas la déclarer. Là encore, c'est oublier l’aptitude des douaniers à dénicher la planque que l'on pensait introuvable.

Nous employons sur le TomNeal des techniques plus pacifiques. La première, et de loin la plus efficace, est de naviguer en groupe. Les pirates sont lâches par nature. Il leur est beaucoup facile d'attaquer une proie isolée qu'un campement de deux ou trois bateaux. La méthode est aussi des plus rassurantes pour les navigateurs. Un bateau solitaire qui vient mouiller aux abords de certains villages éloignés peut parfois avoir le sentiment d'être un indien entrant dans un saloon. Tous les habitants arrêtent de parler pour regarder entrer l'intrus. Lorsque l'entrée se fait à plusieurs, l'ambiance est beaucoup plus décontractée.

Deuxièmement, dans les zones dites à risque, Marie et moi partageons nos nuits avec une corne de brume à portée de main, un objet que les enfants adorent. Elle est constituée d'un réservoir et d'une trompe. Le réservoir a la forme et la taille d'une petite bouteille de soda et la trompe, tiendrait dans un verre à moutarde. La bouteille en plastique est mise sous pression grâce à une pompe à vélo. La simplicité du système fait penser à un jouet. Pressez le bouton rouge et vous serez rapidement convaincu qu'il vaut mieux éviter de laisser l'engin entre les mains des enfants. La tonalité est celle des cornes utilisées par les supporters de football. La puissance est de l'ordre du klaxon de camion. Faire du bruit en cas d'attaque peut sembler être un remède homéopathique, mais l'homéopathie se révèle parfois efficace grâce à l'effet placebo. Côté allopathie, je garde à portée de main un manche de pioche. En bon père de famille, j'ai la présomption de croire que si un méchant menaçait ma femme ou mes enfants, la colère me permettrait de faire des miracles avec un simple bout de bois.

Enfin, d'autres navigateurs ont une conception plus humaniste des pirates. Et ils ont sans doute raison. Pour eux, il s'agit de pauvres bougres plus bêtes que méchants. Une histoire dit que, menacé par des pirates, un navigateur solitaire a feint de ne pas comprendre les bandits. Il les a accueillis en leur offrant des cigarettes, puis du rhum. Au final la tentative de piratage s'est soldée en apéritif bien arrosé. Les pirates sont repartis aussi pauvres qu'à leur arrivée, mais plus joyeux.

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